"Vive Mexico" et Concordia

Bonjour à tous !


Cela faisait longtemps que l'idée me trottait dans la tête. Jusqu'à présent je
n'avais su faire que du tourisme. Avec l'envie de bien faire, certainement :
ne rien dénaturer, ouvrir grand les yeux, respecter "l'autochtone"... j'étais
une touriste appliquée, comme nous le sommes tous de plus en plus. Mais la
rencontre, le vrai choc des esprits, est-il possible dans ces conditions ?

Nous voyageons avec l'Occident dans nos bagages. Nous avons la tête pleine d'attentes qui ne doivent pas être déçues. Notre temps libre est précieux, capitalisons-le ! Voilà le paradoxe du touriste occidental : il veut découvrir un ailleurs authentique, mais il impose inconsciemment le rythme par lequel cet "ailleurs" doit se dévoiler, c'est-à dire en un instant, car l'heure tourne, il y a tant de choses encore à voir, et puis bientôt la vie quotidienne le happera de nouveau alors, pressons...

S'il est nécessaire pour découvrir un pays de s'ouvrir au rapport intime que
son peuple entretient avec le temps, on ne se debarrasse pas de sa propre
conception temporelle comme d'un costard-cravate. Surtout quand l'argent s'en mêle : celui qui vide sa bourse est en droit de recevoir quelque chose en retour ; mais ce que nous cherchons à obtenir, l'humain et le temps, n'est pas une marchandise, et les rapports à l'autre s'en trouvent complexifiés. Si la
rencontre, parfois, survient, elle n'est que l'interruption momentanée d'un système dont nous sommes
prisonniers.

Voilà pourquoi j'ai fait appel à l'association Concordia,
qui organise des chantiers pour bénévoles dans le monde entier. Avec
Vive
Mexico
, son partenaire au Mexique, je vais travailler avec le centre pour la
jeunesse de Morelia
, dans le Michoacan. Ma seule attente ? Etre dépaysée...



samedi 25 août 2007

Premiers de chevauchée


Les derniers jours de camp ont été gorgés d'emotion, comme vous pouvez vous en douter, d'autant plus que nous avons eu 3 jours pour nous dire adieu. Vendredi 18 aout, nous ne travaillons pas, et un "événement surprise" était inscrit a notre calendrier... Les mexicains nous avaient préparé une petite fête. Je retrouvai donc avec plaisir le pick-up, grâce auquel nous fûmes conduits vers une destination inconnue qui s'avera être la maison de Champy, située sur les hauteurs de Morelia. La-bas, du café et des petits gâteaux nous firent patienter (aurais-je oublier de vous dire qu'au Mexique il ne faut pas avoir peur d'attendre ?) Puis ils entrerent en scene, chacun déguisé en tenue traditionnelle de chacun de nos pays...qu'ils étaient beaux a voir! Champy, en maître de cérémonie, fit un discours d'introduction : "Ce que nous avons appris de vous, c'est que nous aimerions en savoir plus". La fête se vêtit d'une solennité que nous n'avions pas soupconnée. Qui n'avait certainement pas éte prémeditée. Mais il y eut, dans leur mots et leurs gestes, une sincérité qui nous atteignit tous au plus profond. Chaque volontaire mexicain avait choisi un volontaire international, celui dont il se sentait le plus proche, pour lui présenter ce qu'il avait appris de lui, et pour lui remettre une photo-montage. Carlos me remit la mienne. Sur une fusion des drapeaux mexicain et francais, du Louvre et de l'aqueduc de Morelia, une photo de moi récoltant les oeufs de la tortue, jouant avec les enfants, ou de cette fameuse chaîne de massage de boue que nous avions faite sur la plage, avec Karine, Anne, et Chrissi... Des souvenirs forts que je ne pourrai oublier... Le lendemain, ce fut a notre tour, nous, volontaires internationaux, d'inviter les mexicains a manger dans notre humble maison. Les sushis cuisinés par Kei et Moe étaient succulents. Je réalisai la performance de faire 70 crêpes... Le dimanche, il y eut un repas folklorique au restaurant. Un vieu Mariachi ecuma les chansons traditionnelles du pays. Puis nous nous quitâmes, une bonne fois pour toute (enfin presque...). Karine et Charles les Québécois, Chrissi et Anna les Autrichiennes, Anne la belge, et moi, partîmes a la station d'autobus pour passer la nuit a Uruapan. Nous avions prévus le lendemain une petite ascension du volcan Paricutin. Nous trouvâmes un toit a Uruapan, dans une petite Posada. Le lendemain, nous étions sur pied a 7h, bien prêts a en découdre avec l'âme du volcan. Paricutin est dans la force de l'âge, a peine 50 ans, même s'il n'est plus en activité. Il s'est formé tres rapidement, engloutissant le village avoisinant dont le clocher de l'église émerge encore de la cendre. Apres 1h de bus qui nous mena a Angahuan, le dernier village sur pied avant le sommet du volcan, nous fûmes accueillis par une floppée de guides tirant une floppée de chevaux. La perspective de parcourir des champs de lave a cheval me séduisait, mais ce n'etait pas le cas de tout le monde, et les guides nous offraient un prix au dessus de nos moyens. Nous décidâmes donc de partir a la recherche d'un guide pour faire une randonnee pédestre. Nous entrâmes donc dans la ville, 6 etrangers timides, suivis de 6 guides locaces trainant 6 chevaux léthargiques. Plus nous pénetrions dans le village, plus l'envie de monter a cheval grandissait en moi, plus le prix que nous proposait les guide s'amenuisait. Nous arrivâmes a un restaurant où une dame accepta de nous garder les sacs pour la journee. Un guide s'avanca vers moi. "Ecoute bien, c'est ma derniere proposition : la journee de randonnee a cheval, pour vous tous a 1100 pesos". Le prix avait baissé de 1000 pesos depuis l'instant de notre rencontre ! Je finis pas convaincre les autres. Mon cheval s'appelait Lobo, il était couleur poil-de-loup, et il aimait caracoler en tête au milieu du désert. Je n'avais qu'a detendre la pression des rênes pour le faire partir au galop, et il aimait cela autant que moi. Le paysage était sublime, le soleil faisait briller la cendre, les nuages tracaient des formes taillées aux ciseaux sur le ciel fluorescent. Je respirai l'air de la montagne. Juste avant le sommet, il fallut abandonner nos chevaux pour la derniere ascencion. C'etait ereintant, car à chaque pas nous nousenfoncions d'une vingtaine de centimètres dans la cendre. En haut, la terre était chaude et fumante, la vue incroyable. Il y avait quelque chose de mythique, une communion avec les forces telluriques. Le retour fut difficile : un orage eclata, nous fûmes trempés jusqu'aux os malgré les ponchos que le guide nous avait remis, et les chevaux étaient apeurés. Si je n'avais pas eu peur, j'aurais trouvé cela magnifique, mais le ciel tonnait tellement fort... La pluie dura une heure, puis nous retrouvâmes le soleil pour un retour plus calme. Ce fut a Uruapan que je me séparai donc définitivement de Karine et d'Anne. Chrissi, Anna, Charles, et moi, repartimes le soir même pour une derniere nuit a Morelia.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Annabelle, je m'ennivre de ton style coulant, un plaisir à te lire!au fure et à mesure, pourtant, je suis tétanisée par une peur affreuse: quels dangers as-tu courus?j'ai peur déjà dans un appartement bien à l'abri,d'un seul "petit" orage!mais au final,je ne veux retenir que ce merveilleux contact, avec "une autre terre" et "d'autres âmes"cela est beau, simplement.
bises et aussi à Olivier.
Mamie Maimène.