"Vive Mexico" et Concordia

Bonjour à tous !


Cela faisait longtemps que l'idée me trottait dans la tête. Jusqu'à présent je
n'avais su faire que du tourisme. Avec l'envie de bien faire, certainement :
ne rien dénaturer, ouvrir grand les yeux, respecter "l'autochtone"... j'étais
une touriste appliquée, comme nous le sommes tous de plus en plus. Mais la
rencontre, le vrai choc des esprits, est-il possible dans ces conditions ?

Nous voyageons avec l'Occident dans nos bagages. Nous avons la tête pleine d'attentes qui ne doivent pas être déçues. Notre temps libre est précieux, capitalisons-le ! Voilà le paradoxe du touriste occidental : il veut découvrir un ailleurs authentique, mais il impose inconsciemment le rythme par lequel cet "ailleurs" doit se dévoiler, c'est-à dire en un instant, car l'heure tourne, il y a tant de choses encore à voir, et puis bientôt la vie quotidienne le happera de nouveau alors, pressons...

S'il est nécessaire pour découvrir un pays de s'ouvrir au rapport intime que
son peuple entretient avec le temps, on ne se debarrasse pas de sa propre
conception temporelle comme d'un costard-cravate. Surtout quand l'argent s'en mêle : celui qui vide sa bourse est en droit de recevoir quelque chose en retour ; mais ce que nous cherchons à obtenir, l'humain et le temps, n'est pas une marchandise, et les rapports à l'autre s'en trouvent complexifiés. Si la
rencontre, parfois, survient, elle n'est que l'interruption momentanée d'un système dont nous sommes
prisonniers.

Voilà pourquoi j'ai fait appel à l'association Concordia,
qui organise des chantiers pour bénévoles dans le monde entier. Avec
Vive
Mexico
, son partenaire au Mexique, je vais travailler avec le centre pour la
jeunesse de Morelia
, dans le Michoacan. Ma seule attente ? Etre dépaysée...



lundi 27 août 2007

Sur les traces des indiens du Chiapas



!!Disclaimer: afin de rapporter le plus rapidement nos aventures, le style de notre journaliste habituelle a dû être sacrifié... moins d'émotions au programme, mais les faits seront là!


Après 6h de bus pour parcourir 220km de route sinueuse dans les hauts plateaux du Chiapas, nous avons débarqué, hagards, à San Christobal de Las Casas. À peine le temps de réaliser, un mexicain nous alpague, dehors, sous la pluie, nous propose une auberge à quelques rues du centre, et pour nous convaincre, nous indique que le taxi nous est offert ainsi que le petit-déj. Nous y passerons finalement 2 nuits, séduits par l'ambiance et le petit-déj!

Dès le soir, nous partions à la découverte de la ville, en quête du seul vrai repas de la journée. Nous en avons profité pour découvrir la ville et son artère principale - la Carrer Real Guadalupe - qui rassemblait tout ce dont nous aurions besoin par la suite: une grande rue mal pavée - comme la plupart au Mexique - une succession d'hôtels de baroudeurs, de restaurants, d'agences organisant des excursions touristiques... le repas fut donc pris rapidement au El Gato Gordo, puis dodo.

La matinée bien avancée par une grasse matinée bien méritée, nous entamions notre visite du centre ville par le marché d'artisanat local. Autour d'une petite église, une multitude de stands sommaires, tenus par des indiens venus des villages environnants, proposait bijoux, habits traditionnels, articles en cuirs... quelques chariots de vendeurs de tacos embaumaient l'air d'odeurs appétissantes. On en profita donc pour se ravitailler, une dizaine de tacos - poulet, boeuf, tripes avec supplément de viande -, pour moins de 3 Euros. Longtemps, ce repas restera notre référence, et dorénavant notre unité de conversion. Nos flâneries digestives nous ont poussés vers la place principale, entourée d'arcades, du palais municipal, et d'une église. Le tout dans le plus pur style colonial: bâtiments aux couleurs chaudes, rues pavées perpendiculaires. À côté du palacio municipal, un groupe d'indiens faisait une démonstration de danses et de chants de cultures préhispaniques. Les costumes de peaux, de plumes et de perles se secouaient sur le rythme effréné des tambours. Ces 2 diables couraient et sautaient dans une arène que délimitaient les montagnes entourant San Christobal, où se trouvaient les dernières communautés indiennes.

Dimanche, nous étions parés pour l'aventure dès 8h30: direction le canyon du Sumidero, au nord de Tuxtla. Sur les 10h, harnachés de nos gilets de sauvetages, nous prenions place à bord d'une petite embarcation plate, surplombée d'un poste de pilotage à l'arrière. A plus de 50km/h, nous foncions dans le défilé montagneux du Sumidero. Fréquemment le guide arrêtait notre bâteau, dont l'avant retombait subitement dans l'eau, pour nous faire profiter de la faune, de la flore et des curiosités étonnantes dont le canyon regorgeait. Au milieu de ces parois vertigineuses, qui culminaient jusqu'à1000m plus haut, vivaient d'innombrables oiseaux - martins pêcheurs, hérons, grues, cormorans, pélicans, vautours. Nous vîmes aussi des chauves-souris, quelques singes-araignées et... quelques crocodiles. Dans la partie amont du canyon, la plus ensoleillée, le pilote s'approcha plusieurs fois de petites plages où se chauffaient ces grands lézards préhistoriques. L'un d'eux, visiblemment agacés par notre bateau qui venait de toucher le banc de sable à quelques mètres de lui, s'est élancé brusquemment vers nous, avec une vivacité qu'on avait du mal à imaginer 1 seconde auparavant, lorsqu'il ne semblait encore qu'une grosse épave végétale. Les passagers à tribord doivent encore frissonner d'avoir vu passer cette gueule immense à moins de 2m d'eux.

Le midi, notre minibus nous laissa vadrouiller dans Chiapa del Corzo, à quelques km du canyon. Après un rapide tour au marché local, au milieu des étals de fruits et légumes, de viandes et de babioles - le tout dans la chaleur et les mouches -, nous avalions un rapide menu du jour, copieux et bon, avant de redescdendre à San Christobal.
Nous avons occupé les 5h qui nous séparaient de notre prochain départ, par une nouvelle visite du marché artisanal, où nous apprîmes à nos dépends les subtilités du marchandage au Mexique. Un homme à qui nous voulions acheter des peintures sur cuirs mayas, accepta de nous baisser le prix de quelques dizaines de pesos. Voulant comparer les prix, nous le quittâmes en lui promettant de revenir. Mais, quand après s'être rendu compte que son offre était intéressante, nous retournâmes à son stand, véxé de notre méfiance, il refusa de nous accorder le prix qu'il nous avait offert quelques minutes auparavant.

C'est avec un certain pincement au coeur, que nous quittions le soir même ce bel et sauvage état du Chiapas, pour Zipolite, petite plage perdue sur la côte Pacifique, dans l'état de Oaxaca.

Chiapas, premiere etape...

Jeudi 23 aout, nous debarquions a Palenque, dans le célebre état du Chiapas, apres une nuit passée dans un bus de la compagnie ADO (15 h de bus qui, a mon grand etonnement, s'étaient écoulées plutôt rapidement...). Je savais ou je voulais attérir, j avais longuement étudié la question, du temps ou je rêvais de ce voyage dans mon petit appartement parisien. La ville de Palenque en elle même ne comportant pas beaucoup d interêt, mon coeur avait décidé de battre pour El Panchan, un petit lieu-dit crée de toutes pieces par une famille d'archéologues, une somme de petits restaurants et cabanes perdus au milieu de la jungle, a quelques centaines de metres des ruines de l' Antique Palenque aux dimensions autrement moins modestes... Le lieu était idyllique... Des petits ponts de bois, de belles fleurs rouges tropicales au nom inconnu (du moins de nous), et des petites cabanes en toit de palmes noyees dans la jungle. On trouva meme internet et le Temazcal, bain de vapeur maya ! Les gens qui peuplaient ce lieu étaient de plusieurs sortes : jeunes touristes alternatifs en couple ou en bandes de copains (tres souvent munis d'un guide Lonely PLanet), hippies sans âge, mexicains lunaires... Nous nous sentimes vite chez nous dans ce lieu a l'atmosphere intemporelle. L'apres midi meme, nous partimes, grace a une agence de voyage, a la decouverte de cette fabuleuse region : au programme, cascades de Misoh Hal et Agua Azul. Nous etions une dizaine dans une petite camionnette filant a toute allure dans les montagnes de Chiapas, et sous nos yeux defilait la vie : petites tiendas de vetements traditionnels, ecoliers en costumes, epiceries, indiennes aux deux longues nattes, a la taille minuscule, courbées en deux sous le poids du fardeau qu'elles portent sur la tête, maintenu par un epais ruban sur le front... Des couleurs, partout : le bleu ardent du ciel, la jungle fluorescente, les maisons pastels, les vetements bleus des indiens... Misoh Hal est une haute cascade s'ecoulant dans un petit lac ou l'on peut se baigner (ce que je ne manquai pas de faire...). Un petit chemin passe derriere la cascade. Au bout du chemin, un homme nous attend avec une lampe de poche : "au fond de la grotte, il y a une autre petite cascade", et nous voila tatonnant, les pieds dans l'eau, guidés par le faible faisceau de sa lampe jusqu'au fond de la grotte ou une cascade, des stalagtites et de microscopiques chauve-souris nous attendent... Agua Azul fut plus décevant, la belle eau transparente ayant pris une teinte marronâtre du fait de la saison des pluies. Mais a defaut de satisfaire nos yeux, nous trouvames de quoi nous enchanter les papilles par la degustation d'un mangue habilement taillée en fleur autour d'une pique en bois. Le soir, rompus de fatigue et heureux, nous nous installames a la terrasse du Don Mucho, restaurant a l'ambiance feutrée d'une ceremonie rituelle, avec ses petites tables sous un grand toit de palme, ses bougies comme seule lumiere, l'odeur d'encens flottant dans l'air, et sa musique envoutante aux accents indiens. Un groupe de musique vint réinterpreter les standards du reggae avec le timbre cuivré d'un saxophone. Entre deux morceaux, on entendait la voix grave et douce d'un vieu chanteur de blues noir, assurant l'animation musicale du restaurant adjacent.


Le lendemain, nous etions debout a 7h, bien décidés a être les premiers a grimper les marches du Temple des Inscriptions de l'ancienne cité maya. Nous attendimes a l'entrée d'El Panchan un combi qui ne tarda pas a arriver. Les ruines de Palenque se trouvent au milieu de la jungle, dans un parc protégé. Nous entrames a l'ouverture des visites, a 8 h. Il n'y avait presque personne, et la brume restait accrochee aux edifices. Ainsi, on ressentait mieux le mystere des lieux. On n'avait presque l'illusion d'entretenir un rapport intime avec la pierre blanche, l'arbre et l'oiseau. Quelques fois, le cri d'un singe hurleur s'élevait au dessus des ruines. Il y a une vingtaine de batiments dégagés, et encore beaucoup a découvrir. De grandes pyramides a gradins servent de plateforme a un temple ou a une tombe. Dans le Temple des Inscriptions, on a trouvé un Tombe parée de mille trésors, celle du Roi de Pakal, dont le visage était recouvert d'un masque de jade. Le Palais, deuxieme batiment majeur du site, accueillait la famille royale et sa cour. Sur le site, on trouve encore les grandes dalles sculptées : des dignitaires du royaume y decouvrent leurs visages nobles aux traits ovales et sereins. L'art maya de Palenque est l'art de la période classique de la civilisation maya, pas étonnant que ses formes soient si pures... Notre visite du site fut marquée par deux événements, de qualité inégale : la rencontre tout a fait fortuite avec Mayca et Ismael (alias Chuty), deux ex-volontaires de Morelia, et l'arrivée de la pluie battante qui, malgré notre bravoure et mon poncho, ecourta notre visite...nous partîmes nous sécher au Musee du site.

Apres toutes ces émotions, nous retournâmes a El Panchan, toujours en combi, pour récupérer nos sacs et nous rendre a la station de bus... direction un autre haut lieu du Chiapas, la ville perchée de San Cristobal...

dimanche 26 août 2007

On the road again...

Le dernier soir a Morelia fut court, et un peu déprimant : nous veillâmes tous jusqu'au départ des derniers, et je fus la dernière à quitter cette maison dans laquelle nous avions vécu durant 20 jours, à 21, avec une seule salle de bains... Même de mon lit dur, je me sentais nostalgique. Shira partit à 3 heures du matin. Chrissi, Anna, Charles, et Chris l'américain à 5 h. Les mexicains me tinrent compagnie jusqu'à mon départ, et Carlos m'accompagna à la gare... Heureusement, je savais que tout n'etait pas terminé, que j'avais mille choses à découvrir encore et Olivier à retrouver. A 16h, j'étais à Mexico City. Je nous réservai une chambre en dortoir pour la nuit (une auberge de jeunesse magnifique, décorée d'azulejos et de peintures...) et sympathisai avec nos compagnons de chambrée, des Autrichiens, par l'entremise d'une partie de UNO. A 22h, Olivier était là. Le lendemain, après un petit déjeuner copieux servi par l'auberge, nous partîmes a la découverte de cette impressionnante capitale. Sur le Zocalo, des hommes et des femmes en costumes traditionnels défilaient et jouaient de la musique, et l'encens embaumait. Nous nous approchâmes. Il y avait une estrade et une banderole : "Rencontre des peuples indigenes d'Amerique Latine". Nous prîmes place sur les chaises. Une femme prit la parole. Elle était la présidente de cette rencontre. Tous les indigènes se tenaient immobiles, l'air grave, autour de l'estrade. Elle conta comment les peuples indigènes avaient toujours vécu avec le souci de respecter l'equilibre de la nature, qu'ils connaissaient la terre mieux que quinconque puisqu'ils la respectaient comme leur mère. Elle parla des multiples alertes que ces peuples avaient données au monde entier, parce qu'ils avaient senti avant tous que nous nous mettions en danger en maltraitant cette terre. Elle insistait sur l'urgence d'agir. Il fallait écouter ceux qui vivent au plus près de la terre. Les représentants de tous ces peuples qu'elle évoquait se tenaient près de nous. Je sentais leur souffrance. Leur costume n'etait par un folklore, il était leur identité, leurs racines. Il était généalogie et cosmogonie. Ils le portaient avec la fierté d'un peuple riche de centaines d'années de culture. Ils affichaient la revendication d'existence d'un peuple qui se sent disparaitre. Ce costume, pour eux, était apparat et lutte. Il avait un sens, aujourd'hui peut-être plus que jamais. Un vieil homme portait une coiffe immense, et la tête d'un aigle sur son front. Une femme maya était enveloppée de tissus bleu. Nous nous levâmes tous pour rendre hommage aux morts du tremblement de terre du Perou. Puis différentes personnalités prirent la parole. Un homme assis devant moi levait le poing. Un indien tint un discours très sévère envers ces européens qui prétendaient tout savoir et ne voulaient rien écouter. Même si je me sentais attaquée, je comprenais le sens de ses mots.

La journée a Mexico s'écoula rapidement. Nous prîmes un repas gargantuesque au célèbre Café Tacuba, celui qui donna son nom au groupe de musique, celui qui fut détuit par un incendie et reconstruit a l'identique. Un menu de 5 plats plus tortillas. Salade de fruits, creme de carotte, riz a la mexicaine, fruits de la passion...Je goutai au tres traditionnel Mole Poblano, de la viande accompagnée d'une sauce faite avec des piments et...du chocolat. C'etait délicieux, mais tres nourrissant. A 17h30, nous étions à la gare routière, prêts à subir un voyage de 15h de bus vers la jungle de Palenque.

samedi 25 août 2007

Premiers de chevauchée


Les derniers jours de camp ont été gorgés d'emotion, comme vous pouvez vous en douter, d'autant plus que nous avons eu 3 jours pour nous dire adieu. Vendredi 18 aout, nous ne travaillons pas, et un "événement surprise" était inscrit a notre calendrier... Les mexicains nous avaient préparé une petite fête. Je retrouvai donc avec plaisir le pick-up, grâce auquel nous fûmes conduits vers une destination inconnue qui s'avera être la maison de Champy, située sur les hauteurs de Morelia. La-bas, du café et des petits gâteaux nous firent patienter (aurais-je oublier de vous dire qu'au Mexique il ne faut pas avoir peur d'attendre ?) Puis ils entrerent en scene, chacun déguisé en tenue traditionnelle de chacun de nos pays...qu'ils étaient beaux a voir! Champy, en maître de cérémonie, fit un discours d'introduction : "Ce que nous avons appris de vous, c'est que nous aimerions en savoir plus". La fête se vêtit d'une solennité que nous n'avions pas soupconnée. Qui n'avait certainement pas éte prémeditée. Mais il y eut, dans leur mots et leurs gestes, une sincérité qui nous atteignit tous au plus profond. Chaque volontaire mexicain avait choisi un volontaire international, celui dont il se sentait le plus proche, pour lui présenter ce qu'il avait appris de lui, et pour lui remettre une photo-montage. Carlos me remit la mienne. Sur une fusion des drapeaux mexicain et francais, du Louvre et de l'aqueduc de Morelia, une photo de moi récoltant les oeufs de la tortue, jouant avec les enfants, ou de cette fameuse chaîne de massage de boue que nous avions faite sur la plage, avec Karine, Anne, et Chrissi... Des souvenirs forts que je ne pourrai oublier... Le lendemain, ce fut a notre tour, nous, volontaires internationaux, d'inviter les mexicains a manger dans notre humble maison. Les sushis cuisinés par Kei et Moe étaient succulents. Je réalisai la performance de faire 70 crêpes... Le dimanche, il y eut un repas folklorique au restaurant. Un vieu Mariachi ecuma les chansons traditionnelles du pays. Puis nous nous quitâmes, une bonne fois pour toute (enfin presque...). Karine et Charles les Québécois, Chrissi et Anna les Autrichiennes, Anne la belge, et moi, partîmes a la station d'autobus pour passer la nuit a Uruapan. Nous avions prévus le lendemain une petite ascension du volcan Paricutin. Nous trouvâmes un toit a Uruapan, dans une petite Posada. Le lendemain, nous étions sur pied a 7h, bien prêts a en découdre avec l'âme du volcan. Paricutin est dans la force de l'âge, a peine 50 ans, même s'il n'est plus en activité. Il s'est formé tres rapidement, engloutissant le village avoisinant dont le clocher de l'église émerge encore de la cendre. Apres 1h de bus qui nous mena a Angahuan, le dernier village sur pied avant le sommet du volcan, nous fûmes accueillis par une floppée de guides tirant une floppée de chevaux. La perspective de parcourir des champs de lave a cheval me séduisait, mais ce n'etait pas le cas de tout le monde, et les guides nous offraient un prix au dessus de nos moyens. Nous décidâmes donc de partir a la recherche d'un guide pour faire une randonnee pédestre. Nous entrâmes donc dans la ville, 6 etrangers timides, suivis de 6 guides locaces trainant 6 chevaux léthargiques. Plus nous pénetrions dans le village, plus l'envie de monter a cheval grandissait en moi, plus le prix que nous proposait les guide s'amenuisait. Nous arrivâmes a un restaurant où une dame accepta de nous garder les sacs pour la journee. Un guide s'avanca vers moi. "Ecoute bien, c'est ma derniere proposition : la journee de randonnee a cheval, pour vous tous a 1100 pesos". Le prix avait baissé de 1000 pesos depuis l'instant de notre rencontre ! Je finis pas convaincre les autres. Mon cheval s'appelait Lobo, il était couleur poil-de-loup, et il aimait caracoler en tête au milieu du désert. Je n'avais qu'a detendre la pression des rênes pour le faire partir au galop, et il aimait cela autant que moi. Le paysage était sublime, le soleil faisait briller la cendre, les nuages tracaient des formes taillées aux ciseaux sur le ciel fluorescent. Je respirai l'air de la montagne. Juste avant le sommet, il fallut abandonner nos chevaux pour la derniere ascencion. C'etait ereintant, car à chaque pas nous nousenfoncions d'une vingtaine de centimètres dans la cendre. En haut, la terre était chaude et fumante, la vue incroyable. Il y avait quelque chose de mythique, une communion avec les forces telluriques. Le retour fut difficile : un orage eclata, nous fûmes trempés jusqu'aux os malgré les ponchos que le guide nous avait remis, et les chevaux étaient apeurés. Si je n'avais pas eu peur, j'aurais trouvé cela magnifique, mais le ciel tonnait tellement fort... La pluie dura une heure, puis nous retrouvâmes le soleil pour un retour plus calme. Ce fut a Uruapan que je me séparai donc définitivement de Karine et d'Anne. Chrissi, Anna, Charles, et moi, repartimes le soir même pour une derniere nuit a Morelia.

samedi 18 août 2007

Xanari-Uni, ultimos dias

Notre deuxième et dernière semaine de travail s'est donc achevée, dans les rires et les larmes. Voici un petit resumé de ces 4 jours. Xanari-Uni, suite et fin de l'aventure...

Lundi, nous revenions donc tout bronzés de la plage, prêts à affronter avec energie une nouvelle semaine de jeux, de courses et de lecons avec les enfants. La premiere semaine avait surtout été consacrée à de activités ludiques : jeux en tout genre, chansons, pâte à sel, création de yoyos en ballon gonflés d'eau, etc. La suite était plus ambitieuse : maintenant que nous avions conquis les minots, nous allions chercher à les éduquer, leur inculquer des valeurs. Lundi, donc, eut lieu notre pièce de théâtre. Lizette, la responsable du projet Xanari-Uni, nous avait laissé toute notre liberté : il fallait que nous écrivions et interpretions une pièce d'une dizaine de minutes, qui illustrerait une valeur. L'écriture de la pièce avait été délicate : comment réunir 20 personnes venant des 4 coins du monde, ne parlant pas la même langue, dans un projet nécessitant unité et concentration ? Nous trouvâmes un subterfuge : parler de notre histoire ! Et voilà comment la mise en abyme devient un levier pour toutes les énergies... L'histoire était simple : un beau jour, une grande tornade balaie la terre. Les hommes du monde entier, emportés par la tempête, sont recueillis dans la maison d'un brave Mexicain, Juan Sombrero. Mais ces hommes, si différents les uns des autres, et remplis de préjugés envers l'inconnu, ne parviennent pas à s'entendre, si bien que ce pauvre Juan Sombrero en tombe malade. Pourtant, ils se rendront compte dans quel état leur manque de tolérance a mis leur hôte, et peu à peu leur attitude va changer. Ismael, un espagnol survolté, tenait le role principal, tandis que nous autres nous etions...nous-même, à quelques écarts près bien sûr. Les enfants semblerent fascinés par l'histoire - l'interprétation d'Ismael n'y était pas pour peu- mais cette expérience eut également un grand interêt pour nous. En effet, nous devions, pour chaque nationalité, trouver une qualité et un défaut. Cela tenait surtout du cliché (nous n'avions pas les moyens de faire une analyse psycho-comportementale des peuples !), mais ce fut l'occasion de parler de l'image de son pays dans le monde. Et les clichés ont souvent un arrière goût de vérité. Une fois le récit de la tempête terminé, nous arrivions tous, nationalité apres nationalité, dans la maison de Juan Sombrero, et nous devions mimer notre comportement. Savez-vous comment sont considérés les francais ? Raffinés, romantiques, et orgueilleux. Je rentrai sur scène en dansant le french cancan... La piece se terminait par une grande fête au cours de laquelle nous apprenions aux enfants que les différences créent la richesse, et nous les convions dans la maison de Juan. Ce fut une réussite, je crois. Ce fut aussi l'occasion de prendre une certaine distance avec ce que nous vivions et ressentions. Une vraie thérapie !



Les autres jours furent consacrés à d'autres activités tout aussi instructives. Mardi, sensibilisation à l'écologie en réalisant des activités sur le tri sélectif et en tranformant des vieilles bouteilles et cartons en maracas et tambourins. Le mercredi haussa d'un ton la note émotionnelle. Après avoir nettoyé avec les enfants un petit terrain de verdure ravagé par les détritus, nous plantâmes avec eux des fleurs et un arbrisseau. Cet arbre, au milieu des pissenlis, symbolise notre projet, et l'amitié qui nous lie à présent. Nous avons demandé aux enfants d'en prendre soin, jours après jours, années après années. Il aurait fallu voir, la gravité sur leur visage à cet instant, et comment ils s'appliquaient a arroser les fleurs, à les protéger en les entourant de pierres, ... C'était pour eux leur facon de nous remercier. Je regardais toutes ces petites mains s'activer autour de moi. Ils avaient compris l'importance de cet arbre pour nous, et quand nous le plantâmes, ils nous entouraient en chantant.


Le lendemain, jeudi, sonnait le glas, mais je ne suis pas sûre que les enfants l'avaient compris. Quand nous arrivâmes dans notre pick-up ils étaient autour de l'arbre. En nous voyant, ils sont venus en courrant, nous entourant de leurs cris. Ils avaient des petits cadeaux pour nous. Je recus des fleurs. Pour cette ultime péripétie, nous avions organisé une kermesse : les enfants étaient divisés en groupes, ils devaient passer par différents stands, réaliser des épreuves afin de gagner des jetons qui leurs permettraient d'acheter des lots. Nous étions disposés aux stands, et les épreuves résumaient les activités que nous avions fait ces deux dernières semaines. Bien sur il y eut la joie des vainqueurs et la déception des perdants, mais ce ne fut pas l'essentiel. J'ai réalisé ce jour-là que nous avions su créer quelque chose entre eux et nous. Les enfants sont-ils capable de ressentir de la reconnaissance ? J'en mettrai ma main à couper aujourd'hui. Je ne sais pas si les enfants pauvres du Mexique sont différents des enfants de France ou d'ailleurs. Mais j'ai été jours après jours touchée par leur maturité. A l'image de cette petite Sarai d'à peine 5 ans qui console sa soeur quand elle pleure, il y a une grande solidarité entre eux. Les aînés portent leurs cousins ou leurs neveux dans leurs bras. Quand je tiens un enfant et que des objets m'encombrent les mains (une feuille de papier, un ballon, mon appareil photo), un enfant me propose de me porter mes affaires. Quand j'echappe quelque chose ils sont plusieurs a se précipiter pour le ramasser. On dirait qu'ils s'appliquent pour qu'on les aime. Ce sont les enfants qui nous choisissent. Moi, ce sont souvent les plus timides qui mem montrent le plus d'affection. Evelyne, 2 ans, ne lachait la main de sa cousine que pour attrapper la mienne. Au moment des adieux, Mary est venue se blottir dans mes bras. Elle ne voulait plus me lâcher, elle poussait de toutes ses forces sa petite tête contre mon cou. "Vous revenez quand l'année prochaine ?" Je lui ai répondu que je ne savais pas vraiment, mais que je reviendrai. Dans un an elle aura oublié mon mensonge. Et puis Itzel est venue m'offrir la sucette qu'elle venait de gagner. J'ai eu beau lui dire que c'etait son cadeau, qu'elle devait le garder, elle ne changea pas d'avis. Les enfants savent ce que c'est que faire un don. J'en suis toute chamboulée. Au final, nous fûmes les seuls, nous autres volontaires, à verser des larmes. Les enfants simplement etaient heureux de leur journée. Ils ne connaissent pas les "plus jamais" ou les "pour toujours" avec lesquels nous cousons nos souvenirs. Adal nous a demandé de signer sur son ballon, et nous sommes repartis, a l'arriere du pick-up, comme n'importe quel jour , à l'exception de nos yeux un peu plus rouges que d'habitude.

mardi 14 août 2007

Les larmes de la tortue

Il était 4h du matin, et je dormais depuis 3h a peine quand mon réveil sonna... Le bus pour Playa Soledad devait partir a 5h. Devant l'IJUM je retrouvai les volontaires mexicains qui avaient bien voulu se joindre a nous pour le week-end : Adriana, Edgar, Juan Pablo, Carlos, et quelques autres. Je dormis pendant les 2 premieres heures du trajet, la tête posée sur la vitre, emmitouflee dans ma serviette de bain car la climatisation était trop forte a mon goût. Mais a mi-trajet, une fois de plus, le paysage mexicain eut raison de ma fatigue. Je passais donc les 3 dernieres heures le nez collé a la vitre, le sourire aux levres, echangeant quelques onomatopées de contemplation avec Karine, qui partageait mon état. Sans doute ne suis-je pas habituée a ces montagnes et ces collines vêtues d'émeraude dissimulant montagnes et collines, a cette terre rouge nourrissant les cactus, a ces lacs décuplant dans leur miroir un espaces deja trop vaste pour le coeur des hommes. Peu a peu le paysage changea, au fur et a mesure que nous perdions de l'altitude et que mes oreilles se bouchaient. La végetation devint plus seche, et nous vîmes apparaître, d'abord timidement puis avec insolence, cocotiers et manguiers sur le bord de la route. Et, au loin mais toujours plus proche, la mer. Playa Soledad portait bien son nom : nous etions au bout de nulle part. Notre lieu de vie ressemblait a ce que je n'osais imaginer par peur d'être decue : une étendue de plage déserte, des cocotiers partout, une maison colorée devant laquelle s'étendaient tables et hamacs protegés du soleil par un toit de palmes. C'est ici, sur la plage, abrité par la palme, que nous installames nos tentes. L'eau n'etait pas d'un bleu azur, car la saison des pluies lave la terre et rend la mer plus sauvage, mais elle faisait 32 degrés et de grandes vagues nous assurait du divertissement. C'est ainsi que nos deux jours et demi s'ecoulerent, plus calmement que les vagues du Pacifique : baignades a repetition, lectures et siestes dans un hamac, repas de poissons grilles ou de quesadillas, et le soir, feu de camp sur la plage avec un verre ou des chamalows grillés... Cela était déja beaucoup, mais cela ne fut pas tout. Le Mexique nous reservait un cadeau. Samedi, dans l'apres-midi, Shira s'avanca précipitamment vers moi en me criant : "Tortuga, Tortuga !" Je vis un atroupement un peu plus loin : une tortue de mer etait venue pondre ses oeufs a Playa Soledad... Et nous l'entourâmes et participâmes avec emotion a ce grand moment de souffrance et de vie. Il lui fallut d'abord creuser un trou, le plus profond possible. Elle grattait le sable de ses pattes arrieres et il voltigeait vers nous. Cela dura trois quart d'heure. Les mexicains etaient ici, veillant a ce que personne n'importune trop le travail ereintant de l'animal. Puis vint le moment de la ponte. La bête souffrait. Sa tete prehistorique se levait et s'abaissait comme si elle demandait au ciel de lui donner la force d'accomplir sa tâche, sa bouche s'ouvrait pour pousser un râle muet. Champi, un des employé de l'IJUM, mexicain jusqu'au bout du sombrero, se pencha vers moi : "Regarde, elle pleure". Et je remarquai en effet une trainee sombre sous chacun de ses yeux. Et je retenais mes larmes... "Tu sais, continua-t-il, normalement les tortues ne pondent jamais le jour, c'est un miracle que vous puissiez assister a cette scène". Lorsque la tortue eut terminee sa ponte, elle reboucha son trou et marcha lentement vers la mer, et nous l'accompagnâmes jusqu'a ce qu'elle disparaisse sous l'eau. Ensuite, sous le conseil des mexicains, nous recoltâmes les oeufs pour les mettre dans un endroit plus sûr, a l'abri des chiens et des braconniers. Je me penchai vers le trou et grattai la terre avec mes ongles pour qu'apparaissent enfin ces oeufs, gros comme des balles de golf, mais avec la transparence et la fragilité de la porcelaine fine... Nous en contâmes 120. Les petits sont attendus pour le 15 septembre, mais seulement quelques uns pourront survivre... Je me souviendrai toujours de ce cadeau de la nature et des larmes de la tortue...

vendredi 10 août 2007

Journée multi-culturelle à Morelia

Aujourd'hui est une grande journée, qui n'est pas encore terminée à l'heure où je vous écris. Mais si je ne vous le raconte pas maintenant, je ne pourrai le faire plus tard, car nous partons demain à l'aube. Nous allons passer la fin de semaine sur la plage. Soledad. Décidément, tout me ramène à Octavio Paz et à son Labyrinthe. Soledad : J'espère que le lieu sera à l'image de son nom et que nous y trouverons une plage déserte. Les plages du Michoacan sont connues pour être très peu fréquentées par les touristes...J'ai tellement hâte de m'y rendre !


Ce matin, nous avions organisé une journée spéciale pour les enfants : une journée multi-culturelle. Chaque volontaire devait organiser des activités en rapport avec son pays d'origine. Les enfants étaient munis de billets d'avion, et ils voyageaient de pays en pays : Japon, Canada, Espagne, Italie, France, Belgique, Allemagne, Autriche, et Etats-Unis étaient leur destination. Je suis ici la seule francaise : c'était donc sur moi seule que portait la responsabilité de présenter la France. J'avais dessiné une grande carte de la France sur laquelle j'avais mis en valeur 4 lieux : Paris, La Bretagne, La Provence et les Alpes. Sur un autre panneau, j'avais placé des photos de ces régions : la Tour Eiffel, le Mont Saint-Michel, Marseille, etc. Puis je parlais de chacune de ces régions, et les enfants devaient reconnaître les photos concernées et les placer correctement sur la carte. J'apprehendais un peu l'exercice : je devais faire face à des groupes d'enfants de tous les âges ( de 4 à 14), seule, leur parler en espagnol, attirer leur attention, et les intéresser... J'ai vraiment était surprise de leur intérêt. C'était une expérience incroyable. Bien sûr, ils étaient quelques fois déconcentrés, mais toujours ils finissaient par tourner vers moi leur petits yeux brillants... Je leur montrai des euros et un billet de 5 euros, leur parlai de Marianne et des crêpes. Et cela pendant 3 heures, de 10 à 13h. Dix groupes de dix enfants. Les parents finirent par s'approcher, curieux de connaître ces drôles de clowns venus de nulle part pour divertir leurs enfants. Nous les conviâmes au voyage. A la fin de la matinée, Shira, notre leader venue d'Israël, nous remercia. C'était elle qui avait eu l'idée de ce jeu, mais elle nous avoua qu'elle n'avait jamais pensé que cela se déroulerait si bien, que nous y mettrions tant d'energie. Elle nous remit une petite friandise avec un petit mot "Juste pour vous dire merci", ecrit dans toutes nos langues...Puis nous rentrâmes chez nous, rompus par l'exercice, mais tellement heureux. Je montais à l'arrière du Pick-up. Avec moi il y avait Chris, un californien à l'allure décalée qui passe son temps à s'excuser au nom de son pays, Moë et Kei, les deux japonnaises, et Juan Pablo, un volontaire mexicain ( il fait ici son "service civil"). J'aime voir défiler ainsi les visages et les paysages, et sentir le vent sur mon visage. Dans ces moments-là j'ai l'impression de vivre quelque chose de fort. Il faudrait voir, ce ciel au bleu si profond, ces montagnes qui nous encerclent, et ces visages dont on apercoit fugacement une expression. C'est dans ces instants-là que je me sens le plus en vie. L'euphorie de vivre. La rencontre avec une terre.



A 14h30 nous mangions tous ensemble à La Cocina, le petit restaurant tout près de notre maison. Puis il fallut nous mettre au travail : écrire une pièce de théâtre pour les enfants. L'exercice fut ereintant, mais tellement riche ! Les espagnols ( Ana, Livia, Carmen et Ismaël) étaient chargés de l'écriture, et moi je tâchai de leur traduire les idées de tout le monde. Ce que raconte notre pièce ? Vous le saurez plus tard. Je vais prendre ma douche et me préparer pour le cours de salsa...

mercredi 8 août 2007

Et quatre jours de plus : Ego et les Sapichus

La semaine du vendredi soir fut mémorable : nos hôtes mexicains nous emmenèrent à l'EGO, la discothèque la plus branchée du Michoacan, sur les hauteurs de Morelia ! Tandis que nous attendions Liz, la responsable du projet Xanari-Uni, pour qu'elle nous remette les pass nous permettant de pénétrer gratuitement dans ce temple sacré de la nuit, nous regardions défiler les limouisines rugissantes, les hommes en costumes blancs et chaussures pointues, les femmes aux mini-jupes et talons aiguilles, et nous nous sentions, nous, occidentaux, comme des ploucs endimanchés. Mais comme cela nous amusait ! Moé, une japonnaise de 18 ans, allait vivre sa première soirée en discothèque. Elle appréhendait ce moment, et me demandait comment il fallait se comporter, "là-bas". Il faut se laisser aller, lui avais-je répondu. Le lieu valait le coup d'oeil : un espace immense baigné dans les néons bleus et roses, des gradins agrémentés de sofas et de tables, et une gigantesque baie vitrée qui terminait la pièce principale et offrait une vue plongeante sur la ville illuminée. Nous dansions un peu plus près du ciel, au dessus de la ville, et cette situation ajoutait une dimension étrange à l'euphorie de la fête, quelque chose de surnaturel... Deux heures après, j'apercevais Moé danser sur l'estrade. La soirée fut longue - nous ne retrouvâmes notre chaumière qu'à l'aube, mais elle nous permit de mieux sympathiser tous ensembles.

Le week-end, en ce qui me concerne, fut surtout consacré à me remettre de cette courte nuit. Je restais seule dans la maison avec Karine, les autres étant partis visiter Patzcuaro. Ce fut pour nous l'occasion d'aller errer dans le Mercado de las Dulces, et de céder pour la première fois à la fièvre acheteuse. Ici, des stands s'entassent dans la joie et la couleur : tissus, vêtements, bijoux, jouets en bois, sandales en cuir, et sucreries représentant le meilleur de l'artisanat de la région... Les vendeurs sont bavards et sympathiques. Quand ils entendent mon accent ils me demandent d'où je viens. " Ah, la France ? C'est de là que vient la chanteuse Alisée ! " Car notre petite Lolita est très célèbre au pays du guacamole. Je tente maladroitement de marchander les prix. Résultat des courses : quelques pesos en moins, mais une paire de sandales en cuir, des cartes postales et deux paires de boucles d'oreille en plus dans le sac à dos. Sans compter les souvenirs qui s'entassent dans la tête...

Et puis voilà que le lundi arrive. La rencontre avec les enfants. Nous nous rendons à 9h à l'IJUM, et les responsables nous conduisent à notre lieu de travail, Quinceo. C'est un quartier pauvre en marge de Morelia, ce qu'on appelle ici une "colonie"( je ne comprends pas vraiment ce que signifie ce terme...). Ballottés dans la voiture qui s'aventure sur un chemin terreux, le paysage défile sous nos yeux. Un marché aux fruits et légumes sur le bord de la route, un vieillard immobile au grand chapeau blanc, des enfants sur des chevaux qui jouent à attraper un âne avec une corde. J'ai du mal à savoir dans quel état de pauvreté vivent ces gens. Les maisons sont vétustes, mais elles sont faites en dur et toujours colorées. Les enfants rient et courrent comme tous les enfants, mais ils sont seuls, livrés à eux-même la plupart du temps. Quand nous arrivons, ils ne sont pas nombreux, une quinzaine tout au plus. Nous commencons les jeux de Rompe Hielo, pour rompre la glace. Le Queso Party, par exemple, et puis Un, Dos, Tres, Estrella. Peu à peu, d'autres enfants arrivent. Une heure plus tard ils sont 30, et nous commencons les présentations par le Salut. C'est un salut hérité de la tradition Purhépécha. Les enfants forment une ronde, et nous autres volontaires nous mettons au centre. U-A-A, crions-nous en coeur, les mains devant la bouche en porte-voix. U-A-A, reprennent les enfants. Puis :
Pampiri Sapichu
U-A-A
Pampiri Nanaka
U-A-A
Pampiri Tataka
U-A-A
Xanari, Xanari-Uni !

En Purhépecha, "Pampiri" signifie "Ami", les Sapichus sont des enfants en bas âge, et les Nanaka et Tataka des petites filles et des petits garcons de 8 à 10 ans.
Après le salut, nous nous divisons en petits groupes pour jouer. Ce sont des enfants comme les autres, vraiment. Peut-être ont-ils encore plus envie de jouer. Quand je me présente et leur annonce que je viens de France, certains poussent des soupirs d'admiration. Mais qu'est-ce que c'est la France pour eux ? Certainement quelque chose de loin, d'inatteignable, et ils n'en reviennent pas que des gens viennent de si loin pour jouer avec eux. Adal est le plus motivé de tous. Il a 8 ans, et il me presse de lui apprendre des mots d'anglais et de francais (le lendemain, il m'accueillera avec un "Hello"). Est-ce que Adal aura la chance d'apprendre tout ce que sa curiosité veut découvrir ? Une petite fille de 4 ans ne dit pas un mot. Même son nom, elle refuse de me le dire. J'ai tout juste le droit à un hochement de tête quand je lui demande si elle a froid. Puis elle se met à pleurer. Sa grande soeur de 6 ans et son petit frère de 8 ans accourrent vers elle pour la consoler. Je suis étonnée et touchée de voir comment une gamine de 6 ans peut prendre un enfant dans les bras et le bercer comme le ferais une mère.

vendredi 3 août 2007

Xanari-Uni, premiers jours

Le Work Camp a enfin commencé. Le 1er août, à 15h, nous nous sommes donc rendues, Karine et moi, en frente de la catedral, où l'équipe de l'IJUM nous attendait. L'IJUM, c'est L'Institud para la Juventud Moreliana, une association qui mène des actions en faveur des jeunes défavorisés de la région, en grande partie des Purhépechas. Je faisais connaissance avec les premiers volontaires internationaux : Moe la japomaise, Ismaël et Lyvia les espagnoles, Charles le québecois... Nous sommes vite conduis à notre nouvelle maison. Des messages de bienvenues sont accrochés au mur, avec nos prenoms et les drapeaux de nos pays. Ils nous montrent la cuisine déjà pleine de nourriture (et je découvre avec délice le caramel à tartiner...). Tout est beau, les mexicains de l´l'IJUM sont plus qu'accueillants, je me sens bien. Ma tartine de caramel à la main, je m'installe sur la banquette et commence à discuter avec les volontaires, en attendant l'arrivée des autres.


Nous sommes nombreux, plus nombreux que prévus : 21. Les mexicains nous ont réservé une petite fête, et la maison peu à peu se remplit de mots et de musique. A 2h du matin, alors que nous nous préparons à nous mettre au lit, on entend une musique monter vers nous...ce sont des Mariachis ! Mais ceux-ci n´ont rien du folklore suranné que l'on vend aux touristes. Cinq jeunes, en jeans et baskets, interpretent à la guitare des chants d'amour, des cris de joie ou de désespoir, et tous les mexicains encore présents chantonnent avec eux, et nous autres, pauvres volontaires aux yeux rougis par la fatigue, voilà que nous sortons de nos lits, enveloppés de nos couvertures, pour s'asseoir dans l'herbe et partager cet instant de vibration de l´âme d'un peuple. Les voix des hommes sont douces et s'accordent avec harmonie, le sons des guitares claquent dans l'air frais, et les refrains sont beaux et simples comme la vie. Nous sommes envoutés. Moi qui voyait les Mariachis comme des pousseurs de chansonnette pour midinette... Car on peut encore chanter l'amour sans avoir l'air niais : tout est une question de sincérité. Et si les Sirenes de Homere étaient des Mariachis ?

Les deux jours suivants sont consacrés à la préparation de notre futur travail. Nous allons avoir chacun un groupe de 10 enfants à charge. Et pour savoir comment mener ces activités, il faut tout d'abord s'y adonner ! Nous avons donc passé deux journées à jouer : apprendre à jouer aux jeux traditionnels mexicains, le Bolleto et la Toupie, car l'IJUM veut que les traditions mexicaines se perpétuent (sans grand succès pour moi, cela nécessite tant d'adresse...), à des jeux plus physiques comme celui de la queue du renard, et des créatifs comme la confection de figurines en pâte à sel. Nous avons également appris à fabriquer du compost, et à trier les ordures selon les règles mexicaines. Enfin, nous avons mis en place des activités sur les valeurs, et nous sommes chargés d'écrire et d'interprêter une pièce de théâtre sur le thème du respect. Tout ceci est captivant, mais j'ai si peur de ne pas être à le hauteur... Les enfants que nous allons rencontrés sont pauvres, et nous sommes peut-être leur unique voyage... Xanari-Uni est le nom de notre projet. En purhépecha, cela signifie Faire son chemin, Tracer sa route.

Les mexicains comptent beaucoup sur nous. Ils débordent d'attention. Le directeur de l'association est venu nous rendre visite pour savoir si tout allait bien, il a lui-même accroché un rideau dans notre chambre puis nous a conduit à la piscine. Ce soir, nous sommes conviés à une petite fête sur une colline depuis laquelle nous pourrons voir la ville illuminée, et à partir de la semaine prochaine, cours de salsa ! J'ai sympathisé avec quelques jeunes volontaires mexicains. Ils ont 20 ans, apprennent le francais à l'Alliance Francaise et rêvent de mon pays.