"Vive Mexico" et Concordia

Bonjour à tous !


Cela faisait longtemps que l'idée me trottait dans la tête. Jusqu'à présent je
n'avais su faire que du tourisme. Avec l'envie de bien faire, certainement :
ne rien dénaturer, ouvrir grand les yeux, respecter "l'autochtone"... j'étais
une touriste appliquée, comme nous le sommes tous de plus en plus. Mais la
rencontre, le vrai choc des esprits, est-il possible dans ces conditions ?

Nous voyageons avec l'Occident dans nos bagages. Nous avons la tête pleine d'attentes qui ne doivent pas être déçues. Notre temps libre est précieux, capitalisons-le ! Voilà le paradoxe du touriste occidental : il veut découvrir un ailleurs authentique, mais il impose inconsciemment le rythme par lequel cet "ailleurs" doit se dévoiler, c'est-à dire en un instant, car l'heure tourne, il y a tant de choses encore à voir, et puis bientôt la vie quotidienne le happera de nouveau alors, pressons...

S'il est nécessaire pour découvrir un pays de s'ouvrir au rapport intime que
son peuple entretient avec le temps, on ne se debarrasse pas de sa propre
conception temporelle comme d'un costard-cravate. Surtout quand l'argent s'en mêle : celui qui vide sa bourse est en droit de recevoir quelque chose en retour ; mais ce que nous cherchons à obtenir, l'humain et le temps, n'est pas une marchandise, et les rapports à l'autre s'en trouvent complexifiés. Si la
rencontre, parfois, survient, elle n'est que l'interruption momentanée d'un système dont nous sommes
prisonniers.

Voilà pourquoi j'ai fait appel à l'association Concordia,
qui organise des chantiers pour bénévoles dans le monde entier. Avec
Vive
Mexico
, son partenaire au Mexique, je vais travailler avec le centre pour la
jeunesse de Morelia
, dans le Michoacan. Ma seule attente ? Etre dépaysée...



dimanche 26 août 2007

On the road again...

Le dernier soir a Morelia fut court, et un peu déprimant : nous veillâmes tous jusqu'au départ des derniers, et je fus la dernière à quitter cette maison dans laquelle nous avions vécu durant 20 jours, à 21, avec une seule salle de bains... Même de mon lit dur, je me sentais nostalgique. Shira partit à 3 heures du matin. Chrissi, Anna, Charles, et Chris l'américain à 5 h. Les mexicains me tinrent compagnie jusqu'à mon départ, et Carlos m'accompagna à la gare... Heureusement, je savais que tout n'etait pas terminé, que j'avais mille choses à découvrir encore et Olivier à retrouver. A 16h, j'étais à Mexico City. Je nous réservai une chambre en dortoir pour la nuit (une auberge de jeunesse magnifique, décorée d'azulejos et de peintures...) et sympathisai avec nos compagnons de chambrée, des Autrichiens, par l'entremise d'une partie de UNO. A 22h, Olivier était là. Le lendemain, après un petit déjeuner copieux servi par l'auberge, nous partîmes a la découverte de cette impressionnante capitale. Sur le Zocalo, des hommes et des femmes en costumes traditionnels défilaient et jouaient de la musique, et l'encens embaumait. Nous nous approchâmes. Il y avait une estrade et une banderole : "Rencontre des peuples indigenes d'Amerique Latine". Nous prîmes place sur les chaises. Une femme prit la parole. Elle était la présidente de cette rencontre. Tous les indigènes se tenaient immobiles, l'air grave, autour de l'estrade. Elle conta comment les peuples indigènes avaient toujours vécu avec le souci de respecter l'equilibre de la nature, qu'ils connaissaient la terre mieux que quinconque puisqu'ils la respectaient comme leur mère. Elle parla des multiples alertes que ces peuples avaient données au monde entier, parce qu'ils avaient senti avant tous que nous nous mettions en danger en maltraitant cette terre. Elle insistait sur l'urgence d'agir. Il fallait écouter ceux qui vivent au plus près de la terre. Les représentants de tous ces peuples qu'elle évoquait se tenaient près de nous. Je sentais leur souffrance. Leur costume n'etait par un folklore, il était leur identité, leurs racines. Il était généalogie et cosmogonie. Ils le portaient avec la fierté d'un peuple riche de centaines d'années de culture. Ils affichaient la revendication d'existence d'un peuple qui se sent disparaitre. Ce costume, pour eux, était apparat et lutte. Il avait un sens, aujourd'hui peut-être plus que jamais. Un vieil homme portait une coiffe immense, et la tête d'un aigle sur son front. Une femme maya était enveloppée de tissus bleu. Nous nous levâmes tous pour rendre hommage aux morts du tremblement de terre du Perou. Puis différentes personnalités prirent la parole. Un homme assis devant moi levait le poing. Un indien tint un discours très sévère envers ces européens qui prétendaient tout savoir et ne voulaient rien écouter. Même si je me sentais attaquée, je comprenais le sens de ses mots.

La journée a Mexico s'écoula rapidement. Nous prîmes un repas gargantuesque au célèbre Café Tacuba, celui qui donna son nom au groupe de musique, celui qui fut détuit par un incendie et reconstruit a l'identique. Un menu de 5 plats plus tortillas. Salade de fruits, creme de carotte, riz a la mexicaine, fruits de la passion...Je goutai au tres traditionnel Mole Poblano, de la viande accompagnée d'une sauce faite avec des piments et...du chocolat. C'etait délicieux, mais tres nourrissant. A 17h30, nous étions à la gare routière, prêts à subir un voyage de 15h de bus vers la jungle de Palenque.

Aucun commentaire: