"Vive Mexico" et Concordia

Bonjour à tous !


Cela faisait longtemps que l'idée me trottait dans la tête. Jusqu'à présent je
n'avais su faire que du tourisme. Avec l'envie de bien faire, certainement :
ne rien dénaturer, ouvrir grand les yeux, respecter "l'autochtone"... j'étais
une touriste appliquée, comme nous le sommes tous de plus en plus. Mais la
rencontre, le vrai choc des esprits, est-il possible dans ces conditions ?

Nous voyageons avec l'Occident dans nos bagages. Nous avons la tête pleine d'attentes qui ne doivent pas être déçues. Notre temps libre est précieux, capitalisons-le ! Voilà le paradoxe du touriste occidental : il veut découvrir un ailleurs authentique, mais il impose inconsciemment le rythme par lequel cet "ailleurs" doit se dévoiler, c'est-à dire en un instant, car l'heure tourne, il y a tant de choses encore à voir, et puis bientôt la vie quotidienne le happera de nouveau alors, pressons...

S'il est nécessaire pour découvrir un pays de s'ouvrir au rapport intime que
son peuple entretient avec le temps, on ne se debarrasse pas de sa propre
conception temporelle comme d'un costard-cravate. Surtout quand l'argent s'en mêle : celui qui vide sa bourse est en droit de recevoir quelque chose en retour ; mais ce que nous cherchons à obtenir, l'humain et le temps, n'est pas une marchandise, et les rapports à l'autre s'en trouvent complexifiés. Si la
rencontre, parfois, survient, elle n'est que l'interruption momentanée d'un système dont nous sommes
prisonniers.

Voilà pourquoi j'ai fait appel à l'association Concordia,
qui organise des chantiers pour bénévoles dans le monde entier. Avec
Vive
Mexico
, son partenaire au Mexique, je vais travailler avec le centre pour la
jeunesse de Morelia
, dans le Michoacan. Ma seule attente ? Etre dépaysée...



vendredi 10 août 2007

Journée multi-culturelle à Morelia

Aujourd'hui est une grande journée, qui n'est pas encore terminée à l'heure où je vous écris. Mais si je ne vous le raconte pas maintenant, je ne pourrai le faire plus tard, car nous partons demain à l'aube. Nous allons passer la fin de semaine sur la plage. Soledad. Décidément, tout me ramène à Octavio Paz et à son Labyrinthe. Soledad : J'espère que le lieu sera à l'image de son nom et que nous y trouverons une plage déserte. Les plages du Michoacan sont connues pour être très peu fréquentées par les touristes...J'ai tellement hâte de m'y rendre !


Ce matin, nous avions organisé une journée spéciale pour les enfants : une journée multi-culturelle. Chaque volontaire devait organiser des activités en rapport avec son pays d'origine. Les enfants étaient munis de billets d'avion, et ils voyageaient de pays en pays : Japon, Canada, Espagne, Italie, France, Belgique, Allemagne, Autriche, et Etats-Unis étaient leur destination. Je suis ici la seule francaise : c'était donc sur moi seule que portait la responsabilité de présenter la France. J'avais dessiné une grande carte de la France sur laquelle j'avais mis en valeur 4 lieux : Paris, La Bretagne, La Provence et les Alpes. Sur un autre panneau, j'avais placé des photos de ces régions : la Tour Eiffel, le Mont Saint-Michel, Marseille, etc. Puis je parlais de chacune de ces régions, et les enfants devaient reconnaître les photos concernées et les placer correctement sur la carte. J'apprehendais un peu l'exercice : je devais faire face à des groupes d'enfants de tous les âges ( de 4 à 14), seule, leur parler en espagnol, attirer leur attention, et les intéresser... J'ai vraiment était surprise de leur intérêt. C'était une expérience incroyable. Bien sûr, ils étaient quelques fois déconcentrés, mais toujours ils finissaient par tourner vers moi leur petits yeux brillants... Je leur montrai des euros et un billet de 5 euros, leur parlai de Marianne et des crêpes. Et cela pendant 3 heures, de 10 à 13h. Dix groupes de dix enfants. Les parents finirent par s'approcher, curieux de connaître ces drôles de clowns venus de nulle part pour divertir leurs enfants. Nous les conviâmes au voyage. A la fin de la matinée, Shira, notre leader venue d'Israël, nous remercia. C'était elle qui avait eu l'idée de ce jeu, mais elle nous avoua qu'elle n'avait jamais pensé que cela se déroulerait si bien, que nous y mettrions tant d'energie. Elle nous remit une petite friandise avec un petit mot "Juste pour vous dire merci", ecrit dans toutes nos langues...Puis nous rentrâmes chez nous, rompus par l'exercice, mais tellement heureux. Je montais à l'arrière du Pick-up. Avec moi il y avait Chris, un californien à l'allure décalée qui passe son temps à s'excuser au nom de son pays, Moë et Kei, les deux japonnaises, et Juan Pablo, un volontaire mexicain ( il fait ici son "service civil"). J'aime voir défiler ainsi les visages et les paysages, et sentir le vent sur mon visage. Dans ces moments-là j'ai l'impression de vivre quelque chose de fort. Il faudrait voir, ce ciel au bleu si profond, ces montagnes qui nous encerclent, et ces visages dont on apercoit fugacement une expression. C'est dans ces instants-là que je me sens le plus en vie. L'euphorie de vivre. La rencontre avec une terre.



A 14h30 nous mangions tous ensemble à La Cocina, le petit restaurant tout près de notre maison. Puis il fallut nous mettre au travail : écrire une pièce de théâtre pour les enfants. L'exercice fut ereintant, mais tellement riche ! Les espagnols ( Ana, Livia, Carmen et Ismaël) étaient chargés de l'écriture, et moi je tâchai de leur traduire les idées de tout le monde. Ce que raconte notre pièce ? Vous le saurez plus tard. Je vais prendre ma douche et me préparer pour le cours de salsa...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Journée enrichissante, d'aprés ce que je lis,et c'est si bien écrit!hier soir sur la"3" Stéphane Bern présentait une émission sur le Mexique, par instants je t'imaginais au milieu de cette magnificence!( sur un petit fond d'inquiétude)prends bien soin de toi, et reviens nous vite.
Je t'embrasse trés fort.
Mamie Maimène.